Fonds Paul Rivet (1876-1958)

Notice créée le 10/01/2018

Collection : Muséum national d'histoire naturelle (MNHN). Direction des bibliothèques et de la documentation

Titre : Fonds Paul Rivet (1876-1958)
Description :
C’est surtout comme fondateur du Musée de l’Homme que Paul Rivet est passé à la postérité, laissant ainsi dans l’ombre le rôle de cheville ouvrière de l’institutionnalisation de l’ethnologie française qu’il exerça dans les années 1920/1930 et ses activités politiques.
Né le 7 mai 1876 à Wasigny (Ardennes), dans une modeste famille de six enfants, Paul Rivet se voit contraint de choisir la carrière de médecin militaire afin d’alléger les charges familiales. C’est en devenant le médecin de la mission géodésique française de l’Équateur en 1901 que sa vie prend une autre direction. Là-bas, pendant cinq ans, il déploie une activité tous azimuts : médecin de la mission géodésique, naturaliste, chargé de mission pour l’étude des questions agricoles, topographe, aide astronome, mais aussi anthropologue physique, ethnographe, apprenti linguiste, archéologue, historien, etc.
Revenu en France à l’été 1906, il est maintenu au service géographique de l’Armée, mais est détaché au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) pour classer et étudier les collections d’histoire naturelle, d’anthropologie, d’ethnographie et d’archéologie ramenées d’Équateur. Il entre alors au laboratoire d’anthropologie, dirigé par René Verneau, comme travailleur libre. Auréolé du prestige dont jouit la mission auprès du monde scientifique, il s’insère rapidement dans un réseau de sociétés savantes et publie beaucoup : en huit ans (jusqu’en 1914), il écrit près de soixante-dix articles concernant tant l’anthropologie physique, la linguistique, que l’archéologie et l’ethnographie. Elu membre titulaire de la Société des Américanistes en 1907, il occupe à partir de novembre la charge de bibliothécaire archiviste. Il œuvre d’une façon déterminante au rayonnement de cette société savante et travaille assidûment à la préparation des volumes du Journal de la Société des Américanistes. Il présidera aux destinées de celle-ci de longues années. Il est nommé assistant de la chaire d’anthropologie du MNHN en 1909. En 1912 paraît L’Ethnographie ancienne de l’Équateur, écrit avec la collaboration – toute nominale – de René Verneau. Mobilisé comme médecin-major dès août 1914, il prend part aux batailles de la Marne, d’Arras, de la Somme, de Verdun, avant d’être envoyé en mission auprès des troupes serbes en mai 1916. A partir de septembre 1916, il devient le médecin-chef de l’hôpital du camp de Zeitenlik, qu’il dirige pendant près de deux ans. Nommé chef du service d’hygiène et d’épidémiologie des armées alliées en Serbie, il participe aux organisations d’urbanisme sanitaire et dirige la lutte contre les maladies épidémiques et endémiques décimant les troupes. Démobilisé en mars 1919, il reprend ses activités scientifique et organisationnelle. Il est élu secrétaire général de l’Institut français d’anthropologie en novembre 1919 et secrétaire général du Conseil de l’Association française pour l’Avancement des Sciences en 1921. En novembre 1924, il prononce une communication très remarqué à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres sur Les Mélanéso-polynésiens et les Australiens en Amérique, qui lui assure une certaine notoriété scientifique en même temps qu’elle constitue le fondement de sa synthèse Les origines de l’homme américain.
L’Institut d’ethnologie est créé en août 1925 par le Ministère des Colonies ; Marcel Mauss et Paul Rivet en sont les secrétaires généraux. Il est nommé directeur du laboratoire d’ethnologie de la IIIème section de l’EPHE en décembre 1926 et élu professeur titulaire de la chaire d’anthropologie du MNHN le 6 mars 1928. Une fois nommé, il travaille au rattachement déjà en cours du musée d’Ethnographie du Trocadéro à sa chaire (entériné le 27 mars), projetant d’entièrement réorganiser le musée, de le moderniser, afin de centraliser en un seul lieu les moyens tant matériels qu’intellectuels nécessaires au développement de l’ethnologie. Il trouve en Georges Henri Rivière un collaborateur de premier plan. A partir de 1933, il s’implique plus activement dans la lutte contre le fascisme qui menace l’Europe et s’inquiète du sort réservé aux intellectuels allemands proscrits. A la suite de la manifestation du six février 1934, Paul Rivet fonde avec Alain et Paul Langevin le Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes, dont il devient président, parce qu’il apparaît comme le moins politisé des trois – bien qu’il soit un membre de longue date de la SFIO. 1935 marque un tournant dans sa vie politique : après trois jours de campagne électorale, Paul Rivet est élu au second tour conseiller municipal dans le cinquième arrondissement de Paris sur une liste unitaire de gauche de « défense des libertés ouvrières et démocratiques ». C’est la première fois que tous les partis de gauche font cause commune : Rivet devient le premier élu de ce qui préfigure le Front Populaire. Profitant de la préparation de l’Exposition universelle, il joue de tous ses appuis politiques afin d’obtenir d’importants crédits pour construire un nouveau musée, le musée de l’Homme, à la fois vitrine et laboratoire de l’ethnologie en France. Le nouveau Musée de l’Homme ouvre ses portes en juin 1937. Du fait de ses prises de positions anti-pétainistes et de sa collaboration au réseau de résistance du Musée de l’Homme mis en place par Boris Vildé, Anatole Lewitzky et Yvonne Oddon, Paul Rivet est révoqué en novembre 1940 et fuit la France en février 1941 pour rejoindre la Colombie où, invité par le président Eduardo Santos, il poursuit ses activités. Il crée un Institut d’ethnologie à Bogotá qui ouvre ses portes le premier juillet 1941. Il reste en Colombie jusqu’en 1943, date à laquelle il est nommé par le général de Gaulle conseiller culturel de la France combattante pour l’Amérique latine et s’installe à Mexico. Il rentre à Paris le 22 octobre 1944 et reprend aussitôt ses fonctions au Muséum et au Musée de l’Homme. Il est élu député socialiste du premier secteur de Paris à la première Assemblée constituante, puis à nouveau en 1946, à la deuxième Assemblée constituante. En août 1946, il siège à la toute nouvelle commission nationale provisoire de l’Unesco et, en décembre de la même année, il devient vice-président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Il est nommé président du Conseil supérieur de la radiodiffusion française et du conseil des programmes en janvier 1947. En désaccord avec l’attitude de la SFIO sur la question coloniale, il démissionne du groupe parlementaire socialiste en mars 1948. Il part à la retraite en octobre 1949. Commence en 1951 la publication en quatre volumes de la Bibliographie aymara et quechua sur laquelle il travaille depuis une vingtaine d’années en collaboration avec Georges de Créqui-Montfort. Battu aux élections législatives en juin 1951, il se retire de la vie politique active et se recentre sur ses activités scientifiques. A la stupéfaction de ses vieux compagnons de route, engagés comme lui dans la lutte anticoloniale, Paul Rivet signe le 21 avril 1956 l’ « Appel pour le salut et le renouveau de l’Algérie française », lancé par Jacques Soustelle et quelques autres défenseurs de l’Algérie française. Il accepte à la demande de Guy Mollet et du ministre des Affaires étrangères d’être le « pèlerin de la vérité française » et de partir en mission officielle en Amérique latine pour expliquer et défendre la position de la France sur la question algérienne. Il abrège son séjour et rentre précipitamment à Paris pour subir une opération de la gorge. Paraît en mai 1958 le version revue et augmentée de Les Origines de l’homme américain aux éditions Gallimard. Il meurt le 21 mars 1958, à l’âge de quatre-vingt deux ans.
Le fonds contient des archives personnelles, professionnelles, politiques et scientifiques de Paul Rivet. Cet ensemble comprend notamment un important fonds d'archives linguistiques, des documents de correspondance, des photographies, des papiers personnels (formation, carrière, diplômes...).
Producteur : Rivet, Paul (1876-1958)
Historique de conservation :
Il est difficile de déterminer avec précision quand et comment les papiers de Paul Rivet sont arrivés à la bibliothèque du musée de l’Homme. Il se peut qu’ils aient été déposés à la bibliothèque à sa mort, en 1958, ou peu après, lorsque sa collaboratrice, Caroline Vacher, eut fini d’introduire un semblant d’ordre dans ses papiers.
Sujet(s) :
  • Anthropologie
  • Ethnologie
  • Linguistique
  • Amérique du Sud
Cote : 2 AP 1 A - 2 AP 1 PHO
Langue des documents : Français, espagnol, langues d'Amérique du Sud
Instrument de recherche :
Les archives du fonds Paul Rivet (1876-1958) sont signalées dans Calames (Catalogue en ligne des archives et des manuscrits de l'enseignement supérieur). Une partie du fonds avait déjà été classée : c’est celle qui concerne la correspondance de Rivet et les archives linguistiques. La correspondance (environ sept mille lettres) fut classée par Françoise Weil, alors directrice de la bibliothèque du musée de l’Homme (cf. Françoise Weil, « La correspondance du Docteur Paul Rivet », Gradhiva, 1986, 1, p.39). Cette correspondance, précédemment cotée Ms 1 et Ms 2, a fait l’objet d’un reconditionnement et d'une nouvelle cotation : 2 AP 1 C.
Fonds associés :
Il faut savoir que toute la documentation concernant Paul Rivet ne se trouve pas dans ce fonds d’archives ; il y a aussi dans le fonds d’archives 2 AM 1 B rassemblant les coupures de presse concernant l’activité du Musée d’Ethnographie du Trocadéro et du Musée de l’Homme un volumineux dossier sur P. Rivet (coté 2 AM 1 B9a, -B9b et -B9c) et, dans le fonds d’archives Yvonne Oddon, plusieurs cahiers de notes de cours prononcés par Paul Rivet (coté : 2 AP 2 A).
Les archives du musée de l’Homme elles-mêmes peuvent se révéler intéressantes, dans la mesure où une certaine confusion entre l’homme et la fonction de directeur du musée a pu exister. Tous les tirés-à-part de ses articles sont classés dans le fonds commun de la bibliothèque.
Service ressource : Bibliothèque centrale du Muséum national d'histoire naturelle
38, rue Geoffroy-Saint-Hilaire
75005 Paris
tél. : 01 40 79 36 27
mail : bcmweb[@]mnhn.fr
Droits :
L'accès aux collections patrimoniales est soumis à une autorisation préalable, conditionnée par la justification d'une recherche. Vous pouvez adresser votre demande à l'adresse suivante : patrimoinedbd@mnhn.fr
Source : Calames (Catalogue en ligne des archives et des manuscrits de l'enseignement supérieur)
Wikipédia
Notice modifiée le 21/02/2019